Turquie :Erdogan et ses têtes de turcs

Publié le par Dabbag

3951447071_2bdaa09ed6.jpg__Voilà maintenant que ce sont sept haut gradés de l'armée turque qui sont déférés devant le parquet de leur pays pour complot contre l'Etat. On ne leur reproche rien de moins que d'avoir projeté un coup d'Etat militaire.Il y a quelques jours, le 22 février, ils étaient déjà 49 à avoir été inculpés pour les mêmes raisons.

La machine Erdogan semble avoir trouvé sa vitesse de croisière d'épuration, alors que, c'est ce que vient d'affirmer le chef d'Etat-Major des armées, Ilker Basbug, "le temps des coups d'Etat en Turquie était révolu". Affirmation qu'il faut prendre avec autant de circonspection, cependant, que la réalité sur laquelle se fonde le pouvoir civil de AKP pour procéder à de telles arrestations.

Certes, nous sommes mal placés pour en juger. Pourtant, cette crise ouverte entre l'Armée, garante de la laïcité de la République Turque, et les faucons islamistes qui soutiennent Erdogan n'est pas sans poser le problème d'une dérive anti-occidentale du gouvernement actuel.

Après ses invectives anti-israéliennes, son attitude injurieuse à l'égard de Shimon Pérés et son rapprochement avec l'Iran de mollahs qu'il demande de ménager, Recep Erdogan ne fait plus figure de "modéré moderne" que pour quelques européens béats.

L'AKP, c'est un fait, ne peut supporter de voir son assise populaire tributaire de l'influence des détenteurs de la force armée. Sachant parfaitement que les militaires feront l'impossible pour éviter ne serait-ce que l'ombre d'une guerre civile, le parti islamiste, par coups de boutoirs successifs, élargit son territoire.

Si, comme dit le proverbe, "quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la gale", 
il reste aux islamistes à repérer les chiens et à les abattre en public sans que personne n'y trouve rien à redire.

Ni Obama qui laisserait s'opérer une réaction islamique contre l'armée malgré l'importance stratégique de la Turquie pour l'OTAN, ni l'Europe divisée sur le principe et la forme de l'adhésion du pays à son Union.

Recep Erdogan est un fin stratège. Il sait depuis le début de son mandat qu'il faut procéder par étape pour parvenir à des fins qui n'ont rien de secret étant donné la couleur transparente du programme de son parti.

Les spécialistes de l'histoire de l'Empire Ottoman ne seront pas surpris de la manière très diplomatique que l'homme adopte et, surtout, du fait que, jamais, l'occident n'a pu changer un iota d'une idée turque, musulmane, quand elle s'était tracée son chemin.

Reste l'attitude d'Erdogan vis-à-vis d'Israël. Sans crier inutilement au loup, il nous paraît assez réaliste de prévoir une suite encore moins plaisante que ce que nous venons de vivre.

En voulant intervenir à nouveau en tant qu'intermédiaire entre syriens et israéliens afin qu'ils "négocient indirectement", Recep Erdogan fait un peu de cinéma pacifique ou, au minimum, tient à se faire passer pour objectivement intéressé, à la manière occidentale, par une paix autour du Golan .


Et son public international, endormi par sa pseudo-ouverture d'esprit et son style costume-cravate, de crier au scandale apprenant que de vilains colonels sont en train de s'entendre pour mettre dehors un tel démocrate, si bien de sa personne.

Dabbag 

Publié dans Géopolitique

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